La passion de l'écriture
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Missitric




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Date d'inscription : 26/12/2013

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MessageSujet: Ceci est un titre.   Ceci est un titre. Icon_minitimeVen 27 Déc - 0:29

Elle criait à la mort, cette gamine que la pluie enveloppait. À genoux sur le goudron trempé, elle tirait ses cheveux, arrachant par moments de nombreuses mèches. Ses dents se serraient de temps à autre, pour éviter qu’un son ne sorte une nouvelle fois de cette bouche traversée par la tristesse, ses yeux étaient possédés par la folie, écarquillés, les paupières semblaient presque se déchirer. Le tonnerre grondait, les sirènes hurlaient, les voisins chuchotaient et les pompiers s’affolaient devant ce feu grandissant.
Aujourd’hui, sans le savoir, elle avait grandi, son esprit avait douloureusement fait ses à dieux à son enfance, à présent elle était adolescente, fillette que les sentiments torturent…


Elle avait vécu dans l’ignorance, dans une schizophrénie que le temps laissait vivre. Sa défunte mère demeurait en bonne santé dans un monde parallèle, en outre, l’esprit d’une gamine brillante de six ans qui n’acceptait pas de laisser s’échapper l’âme de la femme qu’elle aime. Voilà presque dix années, que dans cette vieille bâtisse familiale l’enfant avait partagé ses pensées avec une reproduction de celles de sa génitrice. Son odeur, douce et fruitée, habitait les murs de la maison, sa présence était partout, elle hantait chaque recoin et ne s’en lassait guère. Elle était vivante puisque la fillette le désirait au plus profond d’elle-même, la mère avait bénéficié d’une deuxième vie à travers la maladie mentale de sa progéniture.
Quant au géniteur, lui, homme violent et impulsif, noyait son chagrin dans l’alcool. Partait vers midi, et ne revenait que le lendemain matin, lorsque le soleil laissait ses premiers rayons caresser les toits des plus hauts bâtiments peu après avoir effleuré l’océan. Il ne comprenait pas la joie de sa fille, et ne supportait plus d'être le seul à souffrir de cette situation. Pour se venger de cette trahison, il lui arrivait de se défouler en rouant de coups son enfant. Les cris de la fillette déchiraient le ciel mais jamais un seul voisin ne s’inquiétait. Pour cause, le bâtiment se situait trop loin de la ville, dans un lieu peu fréquentable où la seule beauté, qui pouvait faire s’étirer un sourire sur le plus malheureux des visages, avait péri sous le poids d’une injustice révoltante.

Le quotidien de ces deux individus était donc trop souvent accompagné par la douleur, celle qui décompose le plus sein des cœurs, la plus innocente pensée et détruit un corps fragile. Ils semblaient avancer dans une boucle, un trajet infini qui se répète, encore et encore, et dont la mort est l'échappatoire la moins abominable. Mais aucun d’eux n’avait encore songé à passer dans l’autre monde, lui, ne tolérerait pas de baisser les bras face à la vie ; elle, ne pouvait pas abandonner sa mère.

Il demeurait une seule condition au bonheur de la gamine, une toute petite contrainte qui était nécessaire pour que l’imagination de l’enfant, celle qui donnait une seconde vie à sa mère adorée, la maintienne en ce monde, en cet esprit si fragile, celle-ci était de rester dans un lieu connu des deux personnes, un endroit qui possède assez de souvenir de la femme pour que la petite fille puisse la garder avec elle, en elle. Ainsi la demoiselle se devait de rester au sein de la maison familiale, celle que les souvenirs habitaient, pour cela, et durant des années, la future adolescente était restée entre ces murs, et la seule lumière qui baignait son visage si havre était celle que les fenêtres filtraient. Mais ce destin lui convenait, elle vivait en paix car le mal intérieur cicatrisait, tandis que celui qui prenait forme de coup persistait, peu importe, elle supportait, car elle était forte, car elle était heureuse, car elle avait, en ses pensées, sa mère.

Et si la femme avait su coudre, l’enfant le savait, et si la femme avait pu porter des kilos, l’enfant le pouvait. Il était arrivé, un jour alors que le géniteur rentrait à peine de ses excursions nocturnes, la fillette avait tenté de communiquer avec lui, de sa voix douce mais cassée par tous ses cris qu’elle avait lâchés lorsque cet homme la battait, elle avait essayé, dans un élan de courage et dans le but de rendre heureux son paternel, de lui parler de sa mère, de lui dire qu’elle était toujours là, car la petite ne comprenait pas la tristesse de l’adulte, en effet, pour elle, son épouse était encore avec eux.
Mais lorsque le surnom ou nom de la si gentille femme venait dans une discussion, le visage du père se durcirait, et d’une voix grave et menaçante, il lui hurlait de se taire avant de mêler paroles et gestes violents.

Un tourment profond existait dans le subconscient de la jeune fille, causent de nombreux cauchemars, de souffrance dans son sommeil paradoxal, de pleurer, de déchirure du cœur, cependant, les plaies s’apaisaient au petit matin lorsque l’enfant se réveillait et revenait à sa vie faite d’illusions, où auprès de sa génitrice elle grandissait, et se rassurait.

Ce quotidien aurait pu demeurer ainsi mais le destin, voyage périlleux dont on ne s’échappe jamais, n’est pas un conte de fées, chaque âme finit par quitter un corps qui a déjà, au moins une fois de trop, souffert injustement. Un esprit incompris, une vie de soucis, tout est bon pour torturer une personne.
Il fallut donc, un jour, que tout bascule, que tout s’emmêle ou se démêle, que la stabilité d’une vie ne devienne qu’embrouille, brume, incertitude… Folie.

Une étrange curiosité avait un soir poussé l’adolescente à sortir, à se libérer de ces murs qui commençaient à l’étouffer, à l’oppresser. Après avoir enfilé un manteau de tissus légers et quelque peu troué, de ses jambes si faibles et tremblantes, elle passa, peut-être bien à tort, la porte de sa demeure. L’air caressa ses longs cheveux bruns, ce fut comme une main qui glissait au travers de ses mèches, ses pupilles noirs découvraient peu à peu le monde extérieur et tandis qu’elle se confrontait à ce qui était en dehors, la jeune fille sentit comme un mal-être inconnu, l’impression qu’on lui arrachait une partie d’elle, sa maman. Elle voyait, à travers les poteaux, un sol sombre, un paysage lugubre, la mort de sa mère qui n’était pas censée avoir eu lieu.
« Je reviens ! » Lui murmura sa progéniture avant de s’éloigner petit à petit du bâtiment, en quête d’une réponse, de la cause de cette émotion si inconfortable.
Elle hésitait cependant, puis au risque de ne plus voir sa bâtisse, tourna dans une ruelle. Derrière elle, des cris résonnèrent dans le ciel, et prirent de panique, tout comme une gamine l’aurait fait, elle se cacha là où elle put, se recroquevilla et attendit quelques minutes, pour la première fois seule, mais elle savait que sa mère l’attendait dans la maison et cette pensée la réconfortait.
Bientôt, les voix avaient cessé de percuter son ouïe, la demoiselle se releva, et se retrouva bercée par des crépitements agréables, une inattendue chaleur. Elle retourna chez elle et se retrouva à immobiliser, à quelques pas de l’entrée. Des flammes avaient pris possession de la maison, et ce feu montait au ciel sans pour autant disparaître. Il semblait incroyablement puissant, ondulant cependant avec toute la grâce féminine que le père aimait tant.
Petit à petit, des regroupements de personnes vinrent se poster devant le spectacle, mais il manquait deux personnes dans cette foule grandissante. Aucun des parents de l’enfant n’était présent, la panique régna alors en maître en son être.
« Maman ? Maman ?! » cria-t-elle en s’approchant à toute allure. Il faisait nuit, le soleil était censé dormir, mais au lieu de cela, il venait de pénétrer chez elle, et détruisait tout sur son passage.
Les pompiers ne tardèrent pas à arriver, on aurait pu les entendre de loin si seulement le silence avait été au rendez-vous. Ils bousculèrent, sans s’excuser, les personnes, et écartèrent violemment l’enfant qui essayait désespérément de retrouver sa mère à l’intérieur.
Un seul corps sortit, et ce n’était pas celui que la jeune fille attendait le plus. Si elle avait pu choisir entre sauver la vie de son père, ou de sa mère, elle aurait favorisé la douceur toujours présente aux coups et l’ignorance.
Ne pouvant plus rester en place, un homme dut la retenir pour qu'elle ne rejoigne pas sa génitrice, ses larmes ne cessèrent de couler. Sous l’emprise de ses dents, sa lèvre laissa s’échapper une gouttelette de sang. Elle frappait celui qui la maintenant sur place, elle le mordait et même le haïssait.
Un pompier s’approcha et lui expliqua qu’il n’y avait aucune autre personne à l’intérieur, pas de cadavre, pas de signe de vie, juste des flammes, de la fumée, les cendres de son enfance.
Ne tenant plus sur ses jambes elle s’accroupit et percevaient tellement d’images horribles, elle entendait des coups de feu qui n’étaient pourtant pas réels, elle voyait, juste en face d’elle, une femme qui la fixait, qui souriant, tout en heurtant le sol alors que son sang s’y rependait. Elle ne pouvait pas croire que c’était sa mère qui apparaissait dans de si affreux souvenirs. Et malheureusement, au fond d’elle, elle savait quand ce jour, elle n’avait pas perdu cette femme qu’elle aimait tant, juste sa maison, un père qui n’en était pas vraiment un, et même, dix années de sa vie.

Elle criait à la mort, cette gamine que la pluie enveloppait. À genoux sur le goudron trempé, elle tirait ses cheveux, arrachant par moments de nombreuses mèches. Ses dents se serraient de temps à autre, pour éviter qu’un son ne sorte une nouvelle fois de cette bouche traversée par la tristesse, ses yeux étaient possédés par la folie, écarquillés, les paupières semblaient presque se déchirer. Le tonnerre grondait, les sirènes hurlaient, les voisins chuchotaient et les pompiers s’affolaient devant ce feu grandissant.
Aujourd’hui, sans le savoir, elle avait grandi, son esprit avait douloureusement fait ses à dieux à son enfance, à présent elle était adolescente, fillette que les sentiments torturent…


Après l’incendie, le corps de l’homme qui habitait la maison avait disparu, la fille également.
Deux ans plus tard, la cause de ce drame n’a toujours pas été découvert, ni même chercher. La supposée mort de Frédéric et Victoria Camerone suit le même chemin que leur femme et mère, Marie, dans l’oubli.
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cendre de lune
Petite plume
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cendre de lune


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MessageSujet: Re: Ceci est un titre.   Ceci est un titre. Icon_minitimeMer 15 Jan - 23:37

j'ai mis du temps avant de lire mais je l'ai enfin fait.

Ce récit est atrocement triste mais terriblement bien écris, je te remercie de l'avoir partagé.
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Missitric




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MessageSujet: Re: Ceci est un titre.   Ceci est un titre. Icon_minitimeVen 17 Jan - 19:24

De rien, je suis heureuse d'avoir un avis positif !
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MessageSujet: Re: Ceci est un titre.   Ceci est un titre. Icon_minitime

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